Jean-François Ledent

Témoignage de Jean-François Ledent – 02/05/2023

S’engager comme coopérateur pour devenir un véritable acteur de la Foire de Libramont, c’est la vision de Jean-François Ledent. Ce passionné du monde agricole souhaite soutenir une alimentation durable.

Que représente pour vous la Foire de Libramont ?

La Foire de Libramont a toujours été un incontournable pour moi. Aussi loin que je me souvienne, j’ai visité la Foire enfant, avec mes parents qui avaient une ferme à Neuvillers. Puis tout seul, j’étais intéressé par tous ses aspects, notamment les animaux (on a toujours eu des chevaux à la maison !) et les côtés plus festifs. Ensuite, j’ai travaillé dans le monde bancaire comme responsable du secteur agricole et j’ai été pendant une quinzaine d’années exposant de la Foire. Après quoi j’ai rejoint l’équipe pour organiser la Foire de Libramont.

J’ai donc connu la Foire de Libramont comme visiteur, comme exposant, comme organisateur (jusqu’en 2020). Et puis là, je reviens un peu au début, puisque je suis à nouveau un simple visiteur de la Foire. Avec sans doute, par rapport au regard que j’avais quand j’étais jeune, un regard de consommateur plus éclairé qu’à l’époque.

Vous êtes bien plus qu’un simple visiteur puisque vous avez choisi de devenir coopérateur. Pourquoi (s’)investir dans Libramont Coopéralia ?

Pour perpétuer une foire pas seulement ancrée dans son passé mais surtout tournée vers l’avenir. Parce que je pense que la Foire de Libramont occupe un créneau que personne d’autre n’occupe. Son objectif est d’être un lien entre les gens qui produisent ce avec quoi on se nourrit et ceux qui ont besoin d’être nourris. Je suis persuadé que la Foire de Libramont a un rôle colossal à jouer en matière de relation, de dialogue entre le secteur agricole et les consommateurs. La Foire, c’est finalement une bonne agence de marketing pour que le secteur agricole puisse exposer au grand public tout ce qu’il fait.

Il est essentiel que pendant 4 jours – et aussi le reste de l’année mais majoritairement pendant 4 jours –  un éclairage soit donné sur la place importante que le monde agricole occupe dans la société. Je trouve que la Foire de Libramont joue, à cet égard, un rôle unique. Et c’est pour ça que j’ai voulu la soutenir financièrement, parce que je trouve que ce rôle est hyper important, elle le remplit franchement. En outre, faire rentrer des consommateurs dans la structure de l’entreprise, dans son actionnariat, est une bonne façon de pérenniser et de structurer cette relation entre le monde agricole et les consommateurs.

En tant que coopérateur privé au sein de Libramont Coopéralia, quelle valeur voulez-vous défendre ?

Celle du respect, dans les 2 sens. C’est-à-dire que les consommateurs respectent le travail des agriculteurs et que les agriculteurs respectent les attentes des consommateurs. Je crois que le premier pas de respect c’est l’écoute. La Foire de Libramont, c’est un moment où des gens qui, peut-être ne se parlent pas beaucoup, s’écoutent.

On a l’impression que, finalement, ces deux mondes -monde agricole et monde des consommateurs- ne se comprennent pas toujours.  Pourquoi en est-on là aujourd’hui à votre avis ?

C’est une très grande question. Je pense qu’historiquement c’était sociologique. Dans les années 50, le monde agricole avait une vie tout à fait à l’écart du reste du monde. Aujourd’hui, tous les jeunes agriculteurs ont des copains qui ne sont pas agriculteurs, et l’on pourrait croire que grâce à ça les gens se comprendraient mieux mais ce n’est pas le cas. On n’a jamais vu autant de réactions très très rudes vis-à-vis du monde agricole. Par exemple, l’acceptation du travail du dimanche, la salissure des routes, des incompréhensions liées au bien-être animal et bien d’autres choses… Alors que le monde agricole fait des efforts en termes de communication, j’ai le sentiment que l’incompréhension grandit.

Cela est peut-être dû à un phénomène spécifique déjà souligné par la Foire de Libramont. La Belgique est une grande ville. C’est à dire qu’il n’y a plus en Belgique, comme ça peut être le cas en France, une zone urbaine et une zone rurale. La Belgique est une grande zone périurbaine avec même dans nos villages ardennais une majorité de gens qui ont eu une partie de leur vie qui était urbaine, soit pendant leurs études soit parce qu’ils sont simplement nés en ville. Je crois que cette particularité belgo-belge d’avoir une densité de population très forte et donc d’avoir une espèce de compétition pour le territoire entre l’agriculture et les autres usages (habitat, routes, etc.) exacerbe ces tensions. Et donc cela nécessite un vrai dialogue basé sur le respect.

En quoi la Foire de Libramont apporte-t-elle quelque chose d’unique ou de différent ?

C’est le seul endroit, le seul média, où il y a en même temps les producteurs, agriculteurs, les consommateurs, les transformateurs, les organismes d’encadrement, le pouvoir politique,… Je ne connais pas d’autre endroit où toutes les parties prenantes du secteur agricole sont présentes. La convivialité de Libramont fait que ces gens, effectivement, ministres, consommateurs, journalistes, agriculteurs, se croisent et se parlent.

Et à titre personnel ?

La Foire de Libramont est un peu ma Madeleine de Proust mais c’est aussi un endroit où je peux aller avec mes enfants qui sont des grands ados. On peut se promener en discutant de questions que je trouve primordiales, autour du lien entre l’agriculture, l’alimentation et la santé. C’est sans doute à Libramont que j’arrive le mieux à expliquer à l’un de mes enfants qui sceptique face au végétarisme que, fondamentalement, il y a tout à fait moyen d’être pro agriculture wallonne et flexitarien. La question n’est pas de savoir si on mange beaucoup ou pas beaucoup de légumes, c’est plutôt : est-ce que l’on consomme local ou pas local ?

Pour vous, c’est quoi un monde durable ?

C’est un concept qui est complet puisqu’il est économique, social, environnemental, sociétal,… La question, finalement, derrière tout ça -et qui pour moi est un rôle important de l’agriculture- c’est l’aspect santé. Car on sait aujourd’hui la place colossale que l’alimentation peut avoir sur la santé dans les deux aspects, dans la mauvaise santé comme dans la bonne.

Que pourrait-on mettre en place pour le développer ? 

C’est vraiment un tout. Du point de vue du monde agricole, c’est chaque fois que l’on produit quelque chose de réfléchir à l’impact global que ça va avoir et, quand on consomme, de réfléchir à l’impact global que ça va avoir.

Et quels sont vos gestes concrets pour contribuer à un monde un peu plus durable ?

Pour moi, c’est de soutenir, soit en tant que coopérateur, soit en tant que consommateur, les initiatives qui sont prises par les agriculteurs.

Que pourriez-vous dire justement, à une de vos connaissances pour qu’elle rejoigne la coopérative ? 

Moi, si je suis devenu coopérateur, c’est aussi dans l’idée de m’impliquer dans la Foire, beaucoup moins que je m’y suis impliqué dans le passé, évidemment, mais de continuer à m’y investir. Alors, partant de l’hypothèse que les gens qui deviendront coopérateurs connaissent la foire au minimum, au moins en tant que visiteurs, mon message serait qu’au travers d’un investissement dans Libramont Coopéralia, ils puissent passer de spectateurs à acteurs de la Foire de Libramont.

En tant que coopérateur, que pourriez-vous apporter à la Foire de Libramont ?

A titre personnel, outre le fait d’avoir donné de l’argent, je suis prêt à faire autre chose. J’imaginerais bien donner une demi-journée chaque année pour guider des groupes, que ça soit des groupes d’adultes, des familles, des enfants,… Pour cela, j’aimerais recevoir une petite info avec les mots clés et les quelques endroits qu’il faudrait montrer au public et puis je transmettrais, en quelque sorte, mon affection pour le monde agricole.

Parce que je me suis rendu compte assez souvent que, entre ma foire à moi et la foire vécue par d’autres (qui est peut être plus une foire en surface, avec les gros éléments qui se voient très fort), on n’avait pas vécu du tout la même foire. Pour moi, le guidage reste quand même quelque chose d’un peu sympa.

Ce  n’est pas évident de trouver les personnes ad hoc parce qu’il faut un peu de profondeur pour répondre aux questions des visiteurs et faire passer la passion. Alors voilà, moi, guider les gens pour partager ma passion, c’est une des choses que je serais tout à fait prêt à faire.

Pour terminer, pourriez-vous formuler une ambition pour Libramont Coopéralia ?

C’est l’ambition de dépasser temporellement les 4 jours de Foire et de faire vivre la Foire de Libramont toute l’année. Pas de la même façon, mais il faudrait trouver les moyens techniques et humains pour que l’ambition de la Foire – être la vitrine du monde agricole, être un lieu de débat et de de dialogue– vive toute l’année.

 

Je coopère

#PourUnMondeDurable

Lire la suite
Libramont Coopéralia, société coopérative à finalité sociale, organise La Foire Agricole de Libramont et Demo Forest. Parallèlement à ce grand événement annuel, la coopérative organise une série d’événements connexes, orientés sur l’environnement, l’agriculture et la forêt durable. Elle investit dans des projets concrets en lien avec sa mission principale : développer un monde durable.